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Black






Ça y est, je ne ressens plus rien. Je ne ressens plus rien de tout. Les amis m’appellent, je ne réponds pas. Ils m’envoient des messages, je ne réponds pas. Je ne ressens plus rien. Je regarde les oiseaux. Je regarde les oiseaux. Je regarde les oiseaux. Je regarde les oiseaux. Je regardais les oiseaux avec ma grand-mère. Je regardais les oiseaux avec ma grand-mère. Les oiseaux. Je suis sorti avant-hier. J’ai insulté une femme sur un vélo qui m’a reproché d’être sur la route avec ma poussette. Et j’ai promis à un clochard de revenir avec un lance-flammes pour le brûler. Je crois qu’il faut que je reste confiné. Je me suis réveillé hier et j’étais comme un caillou. J’ai écouté une radio en ligne qui s’appelle radio doudou. C’est la radio la plus triste du monde. La plus triste du monde. La plus triste. Je ne ressens plus rien, ça y est. Le chien noir est rentré à la maison. Je l’avais oublié sur le chemin. J’ai eu des relations. J’ai communiqué. Mais qu’en reste-t-il ? Un trou. Des pleurs sur Internet. Des boutades écrites par un autre que moi. J’ai fini le codage d’un livre numérique pendant le confinement auprès de mes deux femmes, de ma femme et de ma fille et d’une girafe caché dans un basilic, merci à elles ; c’est tout ce que j’ai. Pour le reste, je ne ressens plus rien, ça y est. Ça devait arriver. Ça devait arriver. Je ne ressens plus rien. Ou il n’y a plus rien. Ce n’était que de la fumée. J’ai connu une série de Christophe. Je les aimé et puis je les ai haïs. Pourquoi a-t-il fallu qu’ils s’appellent tous Christophe ? Je n’en sais rien. Un policier et deux écrivains. Je les ai tous détesté ces Christophe mais maintenant même la haine a fondu. Le meilleur c’était le policier je crois. Il était violent avec moi quand j’étais gosse. Au moins il était direct. Partout où je regarde je vois des gourous. Partout il y a des escrocs. Des politiciens aux artistes qui se disent révoltés. Mais révoltés contre quoi ? Ma grand-mère était plus rock que ces pleurnichards. Je ne ressens plus rien. Avant je haïssais tout. Mais la haine a disparu dans le trou. Je faisais des blagues et je riais. Maintenant je regarde dans le trou. J’ai caché ma haine. Et maintenant même la haine a disparu. Je ne ressens plus rien, ça y est. Plus rien du tout. Avant j’avais envie de brûler tous ces cons. Mais je n’en parlais pas. Aujourd’hui j’en parle mais je ne ressens plus rien. Ont-ils vraiment existé ? Rien ne pourra peut-être jamais le prouver. Une grosse bande d’enfants gâtés privilégiés pleurnichards et absurdes, sans dieu, sans nom, sans frontières, sans fortune. Ça y est je ne ressens plus rien même quand je me souviens. Des blancos. Des bobos. Des hipsters. Des punks en carton. Des abrutis sphériques. Lala lala. Révolution. Les bras en l’air. Et toutes ces conneries quoi. Et Naturalia. Ça y est, je ne ressens plus rien. Même quand je me souviens. C’est comme un fond d’écran. Les gens m’appellent, me laissent des messages. Un message dit : on se bat pour la culture, pour l’intermittence. Je ne comprends rien. Je n’entends plus rien. Je crois que Mélenchon est le nom d’un sandwich. Et Marine le Pen le nom de la sauce. On les mange ensemble éternellement. Je déteste éternellement la France. Pays où l’excentricité est prohibée. Et l’ésotérisme au pouvoir. Ah non en fait je devrais dire : je détestais ; car ma haine a flanché, et le sandwich règne.

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La France je ne sais pas ce que c’est. Une aire de jeu avec des clodos en guise de toboggans ; et des militants éternels qui glisse dessus. Des abrutis qui vous casseront les couilles par-delà la mort avec leurs slogans. Une zone pastis 51 où tous ceux qui foutent rien pleurent tout le temps parce que la vie, franchement, hein, trop dur, quelle pute. Bref c’est la capitale intergalactique du foutage de gueule. Les gens de gauche ressemblent à des canards qui auraient mangé leur propre foie. C’est une sorte de secte. Il faut être gentil comme un gros doudou. Mais j’en ai rien à foutre moi de tout ça. Personne me paie pour être un gros doudou. Je veux découper les gens, je veux les scier, les attraper à la sortie de chez Naturalia, et les scier, je vais les scier en deux tous ces libéraux déguisés en communistes, pis mélanger les troncs pour voir si ça pourrait donner un truc intéressant ; mais je connais la réponse. Franchement.